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Recueil d'écritures
14 mars 2014

Comme si vous y étiez...

Introduction (Si j’ose dire)

Tout d’abord, je sollicite l’indulgence ou le pardon bienveillant

de ceux ou celles  qui s’avèreront choqués par cette évocation

en rapport avec le plus vieux métier du monde.

Ce texte aurait mérité d’être écrit en prose mais la versification

lui donne un aspect poétique qui adoucit le réalisme de certaines images.

Le narrateur s’est glissé dans la peau fictive d’un jeune reporter qui,

muni d’une caméra cachée, aurait emboîté le pas de l’un des client

d’une des innombrables filles de joie qui arpentaient le bitume

entre Strasbourg St Denis et le carreau des halles durant les années 60.

Le départ du « Ventre de Paris » pour Rungis coïncida d’ailleurs

de manière assez curieuse avec l’année 1969, année dont la consonance

érotique fut mise à l’époque en valeur par le duo Gainsbourg/Birkin.

Le mérite de ce texte réside à mes yeux dans la scrupuleuse description de la

transaction vénale et de la découverte de l’un des nombreux hôtels de passe

qui faisaient de la rue St Denis la principale artère parisienne réservée

aux plaisirs tarifés. Il devrait plutôt contribuer à démontrer aux jeunes d’aujourd’hui

que la libération sexuelle qu’ils connaissent tous désormais grâce aux évènements

de Mai 68, faut-il le rappeler, n’était pas encore de mise à l’époque et qu’une partie

non négligeable des séniors masculins actuels a découvert l’amour charnel de cette

manière. En contrepartie le spectre du sida ne planait pas encore sur leurs têtes

et les seules MST qui sévissaient alors étaient loin de les inquiéter autant que

l’épée de Damoclès qui pèse à ce jour sur nos enfants en âge de procréer.

Ce texte a la valeur d’un témoignage comparable à notre télé réalité d’aujourd’hui.

C’est uniquement cette dimension que je souhaitais lui donner. 

Comme si vous y étiez…

Dans la rue St Denis, proche du carreau des halles,

Des filles jeunes et jolies vivaient d’Amour vénal.

C’était au temps jadis où les filles de joie

 Levaient bien haut la cuisse au passage des bourgeois.

« Veux-tu monter chéri ? » Question sempiternelle,

Habituel prélude propre au désir charnel.

« Moyennant supplément, si tu veux je te suce »,

  N’était pas pour autant un désolant lapsus.

Pour la modeste obole d’un billet de cent francs,

 L’affaire était conclue par les moins hésitants.

Attaquant l’escalier, un micheton haletant,

Ne quittait pas des yeux un slip transparent.

Au fil de chaque marche, cette culotte de dentelle,

 Etait pour lui symbole qui mène au septième ciel.

Il arrivait parfois qu’on croise dans l’autre sens

 Un type soulagé en voie de repentance.

Une odeur de stupre à peine refroidi,

Vous prenait à la gorge à l’approche du lit.

Un couvre lit froissé de propreté douteuse,

N’attendait plus que vous pour la joute amoureuse.

« Chéri as-tu pensé à mon petit cadeau ? »,

  L’échange de billet se faisait sans un mot. 

Certaines se délestaient de tous leurs oripeaux,

 Pour officier à poil, chouette pour la libido.
Mais d’autres se contentaient de retrousser leur jupe,

Dans l’attente qu’un pourboire ne casse ce jeu de dupe.

Venait, dernier effort, l’heure des ablutions.

 Le passage obligé du gland sous le savon.

Chevauchant son bidet, la fille d’un air distrait,

 Soumettait son minet à la pression du jet.

Une très brève fellation en guise d’apéro,

 N’avait cure d’un nectar qui jaillirait trop tôt.

Une main qui se voulait douce et ferme à la fois,

 Orientait votre membre pour qu’il ne s’égare pas.

Restait encore le choix, missionnaire ou levrette,

 Mais rarement Sodome s’invitait à la fête.

L’usage de la capote alors n’existait pas.

 Personne n’envisageait l’arrivée du sida.

On en voyait certaines observer le plafond,

Pour, à chaque vol de mouche, corser leur addition.

Malgré de petits cris, pour faire croire au client,

Qu’elle prenait du plaisir à l’avoir pour amant,

Nulle ne savait vraiment comment faire oublier

L’ombre du proxénète vivant à ses côtés,

Petit Julot casse croute, qui sans aucun souci,

Leur distribuait  mandales et rares satisfécits.

A l’explosion finale, personne ne s’attardait.

 Nettoyage des outils, « Au revoir mon minet ! »

Rhabillage illico, retour à case départ.

 Record de passes à battre, surtout le samedi soir.

Morale de ce récit ? Inutile d’en chercher.

Les fleurs de trottoir restent une réalité.

Est-ce un bien, est-ce un mal, difficile à juger

Depuis que Marthe Richard* s’y est cassé le nez. 

J.P.P.

(J’ai Payé Pour)

*La loi Marthe Richard du 13 avril 1946 abolit le régime

de la prostitution réglementée en France. Elle impose la

fermeture des maisons closes (« maisons de tolérance »).

La loi porte le nom de Marthe Richard, alors qu'elle est

conseillère municipale de Paris et non parlementaire.

 

Cette loi fait d'abord sourire la brigade mondaine du 3e étage

du 36, quai des Orfèvres puisqu'elle émane de Marthe Richard,

qui fut elle-même une prostituée jusqu'aux alentours de 1915,

 

(Source Wikipedia)

 

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  • Depuis 2001, dix années de réflexions, rimées ou non, sur la vie de tous les jours, sur celle mise en exergue par les médias et sur les thèmes essentiels de l'existence: la vie, l'amour, la mort. Quelques nouvelles et récits pour saupoudrer le tout.
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