AMOUR RURAL ….AMOUR VENAL...
Une table en bois massif, bancale, un peu, beaucoup,
Une toile cirée livide éliminée aux deux bouts.
Un banc de chêne clair dévoré par les vers.
Une ampoule blafarde qui n’éclaire plus guère.
Une cheminée noircie, et jamais ramonée.
Un sol carrelé de grès aux carreaux éclatés.
Telle survit, aujourd’hui, la ferme de Mathieu.
Que ses proches voisins surnomment le bouseux.
Son oreille attentive guette un bruit de brouette.
Celui de tante Jeanne, qui vient laver ses couettes.
Lui seul sait que la dame respecte un dur contrat.
Celui de l’éponger à la place de ses draps.
Rosière du village, grenouille de bénitier,
Elle fait de la braguette son repas préféré.
Contre un bon coup de gnole, suivi d’un pot au feu,
Elle sait tirer summum des plaisirs de la queue.
Enfin, dans la pénombre, la Jeanne est arrivée.
A genoux, sous la table, elle vient de se glisser.
Du pantalon marron, en vrai velours côtelé.
Elle extrait un trois pièces passablement usé.
Le duo de valseuses se cale sous sa paume tiède.
Hélas, le vieux sapin n’est plus jeune pinède.
Pourtant, à coup de langue et d’efforts répétés
Voilà que l’arbre mort consent à se dresser.
Tel le jeune veau qui tête sous sa mère,
Elle entreprend alors démarche similaire.
La bouche du vieillard émet des gargouillis,
Craignant que cette succion ne lui coûte la vie.
Dehors, le calme règne au sein du poulailler.
On entend, par moment, les poules caqueter.
Mais, en fait de caquet, ici c’est la quéquette
Qui, sous ce stimulant, un court instant caquète.
L’heure choisie par le coq pour son cocorico,
Jeanne se gargarise d’une liqueur goût Pernod.
Toujours sans piper* mot, elle remet ses sabots
Et repart à sa tache, vaquer dans Landerneau.
J.P.P
(Jeanne Pompe Proprement)
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* Dans ce texte ambigu, j’avais vraiment pris soin que le terme « pipe » ne trouve pas chemin. Dans le dernier couplet, je me suis relâché, sautant sur l’occasion, il m’a bien échappé !