GUEULE DE BOIS
Que celui qui n'a jamais vécu cette
expérience me jette la première pierre.
GUEULE DE BOIS
Après une nuit sordide, ponctuée par des hoquets,
Je peine à entrouvrir à demi mes quinquets.
Ma calvitie profonde ne protège nullement
De ce mal aux cheveux qui se veut récurrent.
Je saisis, à grand peine, ma bouteille de Badoit
Et m’en tape une lampée qui asperge mes doigts.
Cette pharmacopée devra, c’est nécessaire,
N’être que le prélude à mon Aqua-Seltzer.
Dans ma bouche cohabitent des goûts nauséabonds
Mélangeant le moka et farines de poisson.
Il me tarde de foncer pour me laver les dents,
Mais encore faudrait-il arracher mon séant.
Voilà, l’effort est fait, mais mes jambes flageolent,
Sous doute un vieil effet dû à l’abus de gnôle.
D’un pas mal assuré, je m’en vais trébucher
Et ramasse, en plein front, une porte ma fermée.
Cela déclenche en moi, non des gaz hilarants,
Mais un bon pet sonore dont l’odeur me surprend.
Un coup d’œil dans la glace de la salle de bains.
Mon interlocuteur a changé ce matin !
Je ne reconnais pas cet ignoble abruti
Avec son teint jaunâtre et ses yeux tout bouffis.
Je pense, encore une fois, m’être trompé d’étage.
J’ai envie de frapper ce piteux personnage.
Après bordée d’injures et autres imprécations
Le « Je ne boirai plus ! » devient incantation.
Mes les serments d’ivrogne ont de miraculeux
Qu’ils font d’un alcoolo, un amnésique vertueux.
Une fois lavé, rasé, me voilà présentable.
Pas encore cependant l’image d’un notable.
Je vais descendre au rade où je me trouvais hier
Un petit muscadet rallumera la chaudière.
J.P.P
(Je Picole avec Persévérance)