Le carnet perdu
Le carnet perdu
Un jour, par le plus grand hasard, Il m’arriva de retrouver,
Blotti au fond d’un vieux tiroir, un carnet d’adresse périmé.
Lecture d’intense émotion ! Au fil de ces feuillets jaunis,
Remontèrent alors en mémoire les noms que j’y avais inscrit.
Mon écriture a peu changé, à l’inverse de mon aspect,
Elle me paraît fine et déliée, de quoi aviver mes regrets.
Ces numéros de téléphone, auquel personne n’appelle plus,
Marcadet, Bolivar qui résonne comme le glas des années perdues.
Pour chacun des heureux inscrits, le cas peut être différent.
Balayant toute hypocrisie, je m’en explique à l’instant.
Pesé l’insurmontable absence de ceux bien trop tôt disparus.
D’autant qu’une semblable échéance nous attendra le jour venu.
Revu ces brouilles passagères qui ont fini par perdurer.
Sans que chacun ne cherche à faire, l’effort de se réconcilier.
Découvert certains patronymes, dont je me demande pourquoi
Quelle secrète faveur anonyme leur avait valu d’être là.
Quelques prénoms d’amours déçus, dans un coin, juste griffonnés,
De peur sans doute d’être vu et, par la même, démystifiées.
En égrenant ces quelques lettres suivant le cours de l’alphabet,
Il m’était difficile d’admettre qu’une page de ma vie s’enfuyait.
Me gagne la mélancolie, je suis contrit d’avoir trouvé
Pour mieux le vouer aux gémonies ce frêle témoin de mon passé.
J.P.P.
(J’y Pense et Puis…j’oublie…)