La ligne d'horizon
LA LIGNE D'HORIZON
Pieds fichés dans le sable blanc,
Mains en visière auprès des yeux,
Gamin, il m’arrivait souvent
De contempler l’océan bleu.
Très loin, ou la vue se méprend,
Frêle limite entre mer et ciel,
Mon regard s’attardait longtemps
Sur une ligne droite irréelle.
Je pressentais, sans trop y croire,
Sous peine d’hallucinations,
Qu’il suffirait d’y aller voir
Pour s’évader de sa prison.
Au plus fort de ce rêve absurde,
S’il vous arrive d’embarquer,
Méfier vous, car la tache est rude,
Cap au grand large, il faut souquer.
Fur à mesure de votre approche
L’horizon semble s’éloigner.
La terre qui vous semblait si proche
Subit semblable destinée.
Cette ligne qu’on dit linéaire
Peut alors par un luxe inouï
Se muer en ligne circulaire
Quand les côtes sombrent dans l’oubli.
A cet instant, cette seconde,
Peut-être comprendrez vous mieux
Pourquoi notre planète est ronde
Comme nous l’ont prouvé nos aïeux.
J.P.P.
(J’observe Point par Point)