Amours précipités

Cachan 26 Aout 2011                                   Une du Parisien n° 20822  du 23 Août 2011 :

                                               Le procureur Cyrus Vance a demandé au juge d’abandonner les charges

                                               Qui pesaient contre Dominique Strauss-Kahn. Il a toutefois expliqué que

                                               Les éléments matériels prouvaient une « relation sexuelle précipitée ».

Amours précipités

Le frêle pot de terre, Nafissatou Diallo,

Au cœur de cette affaire, commence à prendre l’eau.

Le robuste pot de fer, Dominique Strauss Kahn,

Au cœur de cette affaire, n’a aucun état d’âme.

Notre Jean de la Fontaine avait une belle avance,

Quand il nous proclamait, comme le fait Cyrus Vance :

« Selon que vous serez, puissants ou misérables…

Les jugements de cour, vous rendront vulnérables !*»

En fait ce procureur a préféré user,

D’une subtile litote, à peine déguisée.

Une relation sexuelle dite « précipitée »,

Consultez vos manuels, est moitié approuvée.

Plus de traces d’ADN, plus de traces d’ecchymoses,

Loin de tout cri de haine, écartons la psychose,

Qui ferait du puissant patron du FMI,

Un violeur impuissant à calmer ses envies.

Plus d’amours tarifés, plus d’amours consentis,

Juste une petite passade, juste un banal délit,

Une relation sexuelle, dite « précipitée »,

Ne donne, évidemment, aucun chat à fouetter !

Même le marquis de Sade, adepte de ces jeux,

Nous parait désormais, fade devant cet aveu.

Même Casanova qui avançait masqué,

Ne s’est comme DSK, aussi bien défoulé.

Même enfin Roméo, pour séduire sa Juliette,

Avait le verbe haut, sans ouvrir sa braguette !

Ah oui, l’histoire est belle et pleine d’imprévu,

Un résumé s’impose, comme de bien entendu.

En moins de neuf minutes, obtenir d’une conquête,

Qu’elle vous fasse une turlute, à poil sur la moquette !

Voilà un fait de gloire qui mérite sans conteste,

De rentrer dans l’histoire au livre-book Guinness.

Voilà j’en ai fini de mes indignations.

Je n’ai que du mépris pour l’édile en question,

Non pas pour un plaisir, auquel j’aspire aussi,

Mais pour avoir trahi les espoirs mis en lui.

Sans compter qu’il affiche, avec ostentation,

Que tout demeure permis, quand on a du pognon !

J.P.P.

(Je n’en Pense Pas moins !) 

*  « Vous rendront vulnérables ! ».

Mille pardons à Jean de la Fontaine dont le vers authentique se termine par : « vous rendront blancs ou noirs ! ». J’ai préféré « vulnérables », d’une part pour rimer avec « misérables » mais aussi et surtout pour éviter que, Dominique Strauss Kahn étant blanchi de facto par cette décision du procureur, on en arrive à penser qu’en employant le terme : « noir » notre génial fabuliste soit accusé d’avoir voulu, à l’époque, jeter l’opprobre sur les rares congénères de Nafissatou Diallo présents à la cour du Roi Soleil.

On n’est jamais trop prudent envers les historiens.