PERLES A REBOURS
Les Fables de La Palisse
Elle enfilait des perles, à rebours sur un fil,
Tissant de fins colliers chers à son cou gracile.
Pearl Harbour figurait sur son ordre de mission
Fier Nippon impassible, il scrutait l’horizon.
« Banzaï », hurla soudain le vieux chef d’escadrille,
Par vagues successives, ils décrochèrent en vrille.
Un déluge d’acier, de fumée et de flammes,
Mua en vrai cimetière la flotte de l’oncle Sam.
La belle hawaïenne avait trouvé refuge,
Dans une case de pécheur ou sans nul subterfuge,
Elle attendait, paisible, au pied des cocotiers,
Que les foudres de Mars soient enfin apaisées.
Le fils de l’Empire du Soleil Levant,
Poursuivait son action sous le soleil brûlant.
Il volait en rases mottes, soucieux de contempler,
L’étendue du désastre qu’il avait provoqué.
Victime de sa morgue, ivre de sa puissance,
Il accrocha le mat d’un croiseur en souffrance.
Son aile brisée net, tel un oiseau blessé,
Il piqua sur la case qu’il vînt pulvériser.
Une traînée blanchâtre s’éleva dans le ciel,
Pris la forme d’un cœur aux contours irréels.
Sur la plus haute cime du plus proche palmier,
On trouva deux colliers tendrement enlacés.
La fusion de leurs corps s’est accomplie ici,
Dans l’odeur de la mort, hors des sources de vie.
Autres temps, autres mœurs et autres sentiments,
Qui sait si ces deux là n’auraient pu être amants.
J.P.P
(Japanèse Pacific Pearl)
********************