L'instant fatidique

L’instant fatidique

A Dany, souvenir d’Octobre 1977

 

Quand j’ai reçu ta lettre, mon cœur s’est arrêté,

Etais-je donc si bête… Comment est-ce arrivé ?

Nous vivions tous les deux, une charnelle passion,

Qui me rendait heureux et fier comme Cupidon !

J’étais un homme grisé et aveugle à la fois.

Ma vie, en pointillé, ne passait que par toi.

Ta lettre ne me laissait, hélas, plus aucun doute.

Moi l’amant délaissé, j’avais fait fausse route.

L’amour que je tenais pour un puissant ciment

M’est apparu fragile et à contre-courant.

Il portait témoignage de ma seule vérité,

Dont ton cœur si volage désirait s’éloigner.

Absolument sonné, comme un boxeur KO,

J’avais le poing crispé, ne disait moindre mot.
Ta lettre chiffonnée,  voleta sur le sol,

Je gagnais la croisée pour prendre mon envol.

Cinq étages plus bas, j’ai pu imaginer,

Quel serait mon état au contact des pavés.

Sur la frêle rambarde, je me suis appuyé,

Dieu me garde pensais-je, je n’ai plus qu’à sauter.

Seul l’instinct de survie arbitre ces moments,

Où l’on revoit sa vie en un éclair de temps.

J’ai revu mes amis, ma famille, mes parents,

Je t’ai revue aussi…à quoi bon maintenant ?

Viens l’instant fatidique, où le corps en bascule,

Offre un seul choix pratique, l’avance ou le recul.

Ne soyons pas idiot, en fait tu sais déjà,

Que loin de ces propos, j’ai su faire le bon choix. 

J.P.P.

(J’avais Prévu le Pire)